Cauchois par son père natif de Goderville, Jean Prévost a fait ses études primaires à l’École Primaire Supérieure et Professionnelle de Montivilliers dirigée par son père, avant d’entamer en 1911 au Lycée Corneille de Rouen des études secondaires.

Il fut au Lycée Henri IV, en 1918, l’élève du philosophe Alain. Il fut reçu à l’École Normale Supérieure en 1919. Il s’est très tôt affirmé, par la vigueur de son tempérament, par l’étendue de sa culture comme l’un des écrivains les plus doué de sa génération : tout à la fois journaliste (et journaliste « engagé » dès 1933-34), chroniqueur (dans plusieurs hebdomadaires et revues, dont Europe et la RNF), essayiste (Plaisirs des sports, 1925 ; Dix-huitième année, 1928), romancier (Les Frères Bouquinquant, 1930 ; Le Sel sur la Plaie, 1934 ; La Chasse du matin, 1937), nouvelliste (Lucie-Paulette, 1935), historien (Histoire de la France depuis la guerre, 1932), sociologue (La Terre est aux hommes, 1936 ; Usonie, esquisse de la civilisation américaine, 1939), critique littéraire (Vie de Montaigne, 1931) et critique d’art, il a joui de l’affection et de l’admiration, non seulement de ses amis et contemporains (Bost, Chamson, Vercors, Saint-Exupéry), mais de certains de ses aînés comme Mauriac et Martin du Gard.

Replié à Lyon après 1940, il s’est affirmé comme un précurseur dans le domaine de la critique littéraire, ouvrant la voie à de nouvelles lectures romanesques et poétiques, avec sa thèse de doctorat : La création chez Stendhal, soutenue à Lyon en 1942, et son Baudelaire posthume (1953).
Grand prix de littérature de l’Académie Française en 1943, il s’est, dans le même temps, pour défendre les idées et les valeurs qui avaient été jusque-là ses raisons de vivre – et d’écrire -, engagé dans la Résistance : après avoir été l’un des organisateurs du maquis du Vercors, il a été, sous le nom de « Capitaine Goderville », l’un des chefs, constamment en 1ère ligne en juin – juillet 1944 à la tête de sa compagnie. C’est en tentant de sortir du massif encerclé et ratissé, pour continuer ailleurs le combat, qu’il est tombé sous les balles allemandes le 1er août 1944 ; moins de vingt-quatre heures après que son ami Saint-Exupéry eut été abattu au-dessus de la Méditerranée.

Sa mort prématurée à quarante-trois ans a fait dire à François Mauriac : « Jean Prévost a donné plus que sa vie, il a donné sa pensée et ce qu’il faut oser appeler son génie. »