La plupart des luttes actuelles considèrent comme acquise la pensée hégémonique occidentale, dont l’ontologie dualiste réduit tout à un rapport humain/non-humain, sujet/objet – sans lequel la plupart des combats n’existeraient pas (contre le capitalisme, le changement climatique, le racisme, le sexisme, les discriminations, pour le décolonialisme…). Il est nécessaire de changer d’outils, de sortir de ce rapport dualiste et surtout de ne pas compter sur les institutions, les États, les grandes entreprises pour agir : comment reconstruire le monde et créer des mondes véritablement nouveaux avec les catégories qui poussent à le détruire…?

Arturo Escobar s’inspire de la pensée critique latino-américaine, riche de tous ses mouvements, entre zapatistes, indigènes et descendants afro-­ colombiens du Pacifique, à l’image des Nasa, peuple autochtone du nord-ouest de la Colombie qui lutte depuis la Conquête pour récupérer les terres, revitaliser, reconstruire, reproduire la vie : libérer la Terre pour libérer les communautés.

L’Occident a imposé la notion d’un monde-fait-d’un-seul-monde et s’est arrogé le droit d’être ce monde, soumettant tous les autres à ses règles, les condamnant à la subordination ou à l’inexistence. La meilleure façon d’y résister consiste en une approche décoloniale et ethnologique.

Sortir de la pensée unique, affirmer le monde pluriel – le plurivers – c’est permettre aux autres mondes possibles d’être multiples. Et à des futurs radicalement différents d’émerger enfin.